Hors Normes

Voilà longtemps que je ne vous avais pas écrit de post sur l’actualité cinématographique… J’ai profité d’un après-midi de solitude pour aller voir un film que seule une éducatrice comme moi ou une personne touchée profondément par le handicap choisirait d’aller voir.

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Juste la fin du monde

Comme je vous l’avais annoncé voici mon article sur le dernier film de Xavier Dolan dont l’immense génie n’est plus à clamer après sa performance dans Mommy .
Ce film m’a, « traversée » comme si cette histoire je la connaissais déjà.

Comme si un souvenir refaisait surface… Je pense que toutes les personnes ayant un vécu familial douloureux ou particulier se reconnaîtront dans cette histoire.

J’avais besoin d’exprimer tout mon ressenti par rapport à cette histoire, qui pourrait d’ailleurs être, mon histoire, ou peut-être la vôtre….

Le synopsis:

Après douze ans d’absence, un écrivain , de 34 ans retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine.
Ceux sont des retrouvailles avec le cercle familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles, et où l’on dit, malgré nous, les rancoeurs qui parlent au nom du doute et de la solitude.
On retrouve dans ce film, même si effectivement, certains, ne mettent pas ce long métrage, au même niveau que Mommy, réalisé en 2014, et qui a été révélé comme un chef d’oeuvre, la même violence.
Une violence plus « sournoise », personnellement elle m’a projetée dans ma jeunesse, dans ma vie tout simplement.

Connaissez-vous des familles qui ne savent pas communiquer, qui ne savent pas exprimer leur amour, si ce n’est qu’à travers les cris, les réflexions désobligeantes, les humiliations, l’incompréhension, l’absence d’écoute, l’absence d’encouragement…
L’impossibilité de communiquer au sein de sa propre famille fait des ravages psychologiques irréparables et qui marquent à jamais.
Ce qui est bien montré dans ce film c’est comment le déplacement d’un seul membre de la famille peut disloquer la fratrie et rompre le cercle familial.
Mais le départ d’un membre de la fratrie ne vient en aucun cas changer le fonctionnement toxique et étouffant de la dite famille.
D’ailleurs, cette famille, se pose-t-elle même la question « mais pourquoi il ou elle est parti (e)?
Quand vous revenez au « bercail » vous avez cette impression bizarre d’être à la fois dans le cercle et hors du cercle. Vous vous rendez compte que rien n’a changé, vous avez l’impression de revenir d’une autre planète. Vous êtes abasourdi, bouleversé, ému, malheureux, conscient que le temps passé n’a rien modifié, et que le temps ne se rattrape jamais.
A un moment donné, prendre la décision de vivre sa propre vie, de suivre son propre chemin, parce que vous ne parvenez pas à vous épanouir dans votre « clan », qui vous cloue au mur est à la fois salvateur mais extrêmement douloureux.
Nous avons tous besoin d’être compris par les siens, d’être reconnus par les siens, nous avons tous besoin d’être légitimes.
Et si on parvient à couper le cordon, à mener notre vie et retrouver une forme d’équilibre et de réussite, il faut savoir que la famille laissée derrière est restée la même, figée dans le même fonctionnement. Rien n’a changé, mais vous vous avez changé.
Ce qui est bien montré, filmé habilement et avec génie par Xavier Dolan, c’est que le fils qui revient, retrouve, les pièces d’échec, aux mêmes endroits, comme une partie qu’on a abandonnée ou remise à plus tard.
Ce film montre que l’absence, la fuite, réduisent votre souffrance, mais qu’elle demeure en vous, puisque malgré vous, vous continuez à penser que peut-être le temps, viendra restaurer ce manque de communication, que vous assimilez souvent à un manque d’amour.
Mais c’est faux, le retour en arrière, vous fait souvent constater que la poussière est toujours là, bien cachée sous le tapis. Et que les échanges tournent toujours autour des mêmes thèmes dans le film ce sont « les dimanches » dans d’autres familles ce sera « la tarte aux prunes de Mémère » Et vous repartez le coeur gros sur la pointe des pieds, sans avoir pu lâcher ce que vous aviez à dire, et qui vous tenez à coeur d’exprimer.

Ce que m’a dit ce film, c’est que les blessures familiales ne se guérissent jamais. L’éclatement d’une fratrie ne se répare jamais, que dans une famille non communicante qui s’agite, qui n’exprime son désarroi que par la violence, rien n’est réparable.
Ce film est pour moi, un très bon film, comme d’habitude la manière de filmer de Xavier Dolan nous coupe la respiration.

Certains disent qu’il y a des longueurs dans ce film, mais ces longueurs, ces silences sont obligatoires. Ils expriment le malaise, la difficulté à communiquer, la solitude de chacun…
Tout le monde est réuni mais chacun est seul.

Le talent des acteurs n’est plus à démontrer. Gaspard Ulliel, dans le rôle de Louis, le fils qui quitte la maison 12 ans plutôt, est magistral, la casquette vissée sur la tête, nous avons l’impression qu’il est encore le jeune homme qui est partie 12 ans plus tôt. Son regard de loup est rempli de larmes, de questionnement, de nostalgie…
C’est souvent sur celui qui part que, dans les familles, on fait porter la culpabilité du malaise.

Nathalie Baye, joue le rôle de la mère, qui veut absolument se persuader que tout va bien, surexcitée, bavarde, excentrique, perdue, face à ses enfants avec lesquels elle ne peut communiquer ensemble, comme si elle ne pouvait le faire qu’avec chacun d’entre eux, à tour de rôle.

 

Léa Seydoux, merveilleuse dans le rôle de la petite soeur qui retrouve son grand frère, son héros et qui ne comprend pas cet abandon et qui veut comprendre et n’a trouvé de solutions, de réponses qu’à travers la toxicomanie et la défonce.

 

 

Vincent Cassel, Antoine, encore plus violent et méchant, parce qu’il n’a pu trouvé, lui, le courage de partir, il n’a pas su jouer le rôle de l’aîné, de protéger, alors il en veut à tout le monde alors que c’est avec lui-même qu’il est en guerre.

Marion Cotillard, joue Catherine, la femme d’Antoine, très juste dans ce rôle, abasourdie, elle donne l’impression de ramasser de la vaisselle brisée au sol tout le long du film.
De son regard immense, profond, triste, elle a l’air de découvrir la réalité de la famille dont elle fait maintenant partie…

Ce film est, à mon sens, à voir si vous aimez Xavier Dolan, ce réalisateur est un génie, mais comme un artiste peintre, il ne doit pas vous présenter toujours les mêmes peintures sinon quel intérêt?
Tous les sujets abordés par Xavier Dolan sont chargés d’émotion et de douleur, tous sont intéressants, tous ont la même signature et ne peuvent laisser indifférents.
Gabriel Yared avait composé la bande originale de Tom à la ferme en 2012, mais lui et Xavier Dolan ne s’étaient jamais rencontrés pendant cette collaboration, travaillant chacun de part et d’autre de l’Atlantique.
Ils se sont finalement retrouvés à Los Angeles pour la post-production de Juste la fin du monde, où un studio de fortune a été installé, dans la maison de l’acteur/chanteur Robert Schwartzman. Cela donne une bande originale superbe.

Voilà, j’arrive au bout de mon post, espérant vous avoir intéressés par mon ressenti, même si vous avez peur de la déception, allez voir ce film, tout à fait singulier et qui vous marquera, j’en suis certaine.
Laissez-vous porter par l’émotion, par les images, les regards.

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Je vous laisse découvrir la Bande Annonce

Crédits photos: Allociné

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Mon roi

Il y a quelques mois, mon choix cinématographique s’est porté sur le dernier film de Maiwenn, « Mon Roi », j’avais beaucoup aimé son film précédent Polisse qui traitait de la brigade des mineurs donc je me suis installée dans mon fauteuil confiante et impatiente, je n’ai pas été déçue.

 

Si, comme moi, chaque fois que vous tombez amoureuse votre choix se porte sur des bras cassés, ce film vous plaira.
Il décrit avec énormément de justesse ce que peut être une relation pathogène et comment la passion entre deux êtres peut s’avérer dévastatrice.

 

L’histoire :
Tony (Emmanuelle Bercot) rencontre un soir dans une boîte de nuit un homme Georgio (Vincent Cassel) qu’elle a déjà croisé par le passé alors qu’elle était serveuse dans un bar et dont elle avait gardé le souvenir en mémoire (ce détail est important). Leur relation se met en place très rapidement et pourtant tout les oppose, Tony est une fille sage, avocate, réfléchie, timide, pas sûre d’elle, Georgio est un restaurateur séduisant, flambeur, hâbleur, beau mec.
Tony est rapidement conquise par ce personnage hors norme qui peu à peu va la faire sombrer dans la dépression.

C’est à la suite d’un accident de ski qui va la conduire dans un centre de rééducation que Tony se remémore sa relation amoureuse et qu’elle parvient petit à petit à se reconstruire et à reprendre sa vie en main.

Ce film m’a particulièrement bouleversée, de par l’histoire évidemment, dans laquelle je me suis reconnue, mais aussi par l’interprétation magistrale de Cassel/Bercot.
L’histoire se déroule sur un rythme trépidant, et pourtant c’est dix ans de vie qui sont racontés. On ressent la douleur de Tony, on perçoit le piège qui se referme sur elle, on voudrait qu’elle s’échappe mais cette passion notamment charnelle l’enchaîne à cet homme et va la pousser vers l’abîme.

Ce film s’adresse à mon sens autant aux femmes qu’aux hommes.
Mon mari n’a pas pris la défense de l’homme dans cette histoire, il a été choqué de voir une telle manipulation perverse et il m’a dit combien il avait été ému et bouleversé par ce que vit cette femme.
Une femme, il faut le souligner, instruite, intelligente, réfléchie et qui pourtant va se perdre dans une relation toxique.

Pourquoi faire un film sur l’addiction amoureuse ? Doit on le prendre comme un message, une mise en garde ? Et pourtant il n’y a, de la part de la réalisatrice, aucun jugement.

J’espère vous avoir donné envie d’aller voir ce film et je sais que vous ne pourrez pas vous empêcher de décortiquer ce qu’est l’amour au final, une boussole mais parfois une prison…

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Crédit photos : Allociné

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