Au revoir

Je vous livre aujourd’hui, un peu à vif mon ressenti, sur le film que je suis allée voir hier, seule, ce film à mon sens doit se vivre seul..
Ce film a été pour moi comme un coup de poing. Un projecteur braqué sur la souffrance, sur le vécu des personnes qui ont traversé un attentat et en sont sorties traumatisées à vie… mais vivantes…
Comme les humains qui ressortent des camps de concentration, quand on échappe d’une catastrophe qui a touché tant de personnes comment ne pas culpabiliser et reprendre le cours d’une vie « normale »…
« Revoir Paris »  réalisé par Alice Winocour, est une histoire librement inspirée des attentats qui ont frappé Paris en 2015 (le propre frère de la réalisatrice était au Bataclan le 13 novembre).
« Revoir Paris » est le film cathartique que la capitale attendait.

Le film est centré sur les victimes et leur suivi, c’est à la fois extrêmement documenté et en même temps subtilement intimiste.

L’histoire:

A Paris, Mia, traductrice, en couple avec un médecin,  est prise dans un attentat, dans une brasserie, où elle décide de faire une halte pour attendre la fin de l’orage qui la surprend sur la route, elle roule en moto, elle est trempée. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle de l’évènement que par bribes, Mia décide d’enquêter dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible.

Elle a été blessée lors de cet instant tragique, mais elle a perdu la mémoire de ce terrible moment. Elle va tenter de se souvenir…de reconstituer le puzzle de ces instants dramatiques pour tenter de reconstruire sa vie..

Alice Winocour s’attaque à un sujet sombre et encore si présent dans notre histoire et notre mémoire.
A mon sens ce film réussit le pari fou d’être à la fois doux et douloureux, profondément humain et surtout au plus près des corps meurtris dans leur chair et dans leur âme.
Tout est filmé avec pudeur, délicatesse, même les visages meurtris, les plaies, les traumatismes.
La cinéaste a réussi là, un film hors du commun, profond et éprouvant qui parle de reconstruction post-traumatique mais qui ne verse jamais dans le pathos, tout en laissant effleurer naturellement l’émotion.
La thématique du « survivant » est filmée avec justesse. Mia doit oser ressortir, se réapproprier la ville, vouloir comprendre pour ne plus culpabiliser.

Virginie Efira  porte tout le film sur ses épaules. Elle y incarne le personnage de Mia à la perfection,  sa douleur est pudique, solitaire, elle erre dans un Paris qu’elle doit reconstruire à sa façon, elle franchit des frontières jusque là ignorées….

Certaines images m’ont heurtée, comme celle des éboueurs qui poussent négligemment de leurs balais les bougies, les fleurs sur le lieu de mémoire constitué par les passants…. comme si on poussait des cadavres, comme si on voulait effacer toute trace de douleur… mais ces douleurs là ne s’effacent jamais…
Certains passages du film m’ont semblé longs, mais cette longueur n’est que légitime car la douleur est longue et le chemin de la reconstruction et du deuil le sont aussi.
Benoît Magimel est une nouvelle fois lumineux dans un rôle, certes secondaire, mais si important dans le chemin de résilience de Mia, lui redonnant le sourire, lui redonnant espoir parce qu’il a vécu lui aussi le même évènement traumatique.
Je tiens vraiment ici, à porter haut et fort la performance d’actrice de Virginie Efira, elle est bouleversante et dégage une magnifique puissance d’émotion.
Je suis sortie de la salle, après qu’elle se soit vidée des autres spectateurs, les yeux humides et l’estomac noué.
Je suis sortie secouée, ébranlée..
Pour moi ce film a été un vrai coup de poing et un immense coup de coeur.
Même si la douleur et le sang sont là, ce très beau film parle surtout d’amour, d’espoir et de résilience.
Je vous invite à le découvrir, on en ressort différent….

Crédits photos: Allociné

 

 

 

 

 

 

 

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