Ma récompense à moi

La fête des mères n’est pas si loin derrière nous, et cette fête m’a inspirée l’idée d’un billet….Personnellement j’ai été privée de la présence de ma mère dès l’âge de 11 ans, c’est une épreuve très difficile, une douleur qui, je pense, vous relance souvent, notamment à certaines occasions importantes dans la vie d’une femme, la réussite pour décrocher un diplôme, les premiers émois amoureux, le mariage, la grossesse…. et le manque d’amour d’une maman est un vide qui ne se comblera jamais!

Sans modèle, j’ai eu beaucoup de mal à appréhender ma grossesse, j’étais paniquée et je me sentais seule et désemparée, quand ma fille Camille est née.
J’étais si déboussolée que j’étais persuadée que je ne parviendrais pas à devenir une maman. Dès la sortie de clinique après l’accouchement j’accumulais les erreurs du style augmenter les doses de biberon, être vigilante au niveau de la toilette du bébé (j’oubliais les petits plis!) et c’est la PMI qui s’est chargée de m’apprendre un peu le b.a.b.a.

N’ayant pas reçu de câlins et d’attention de la part de ma mère (ni de mon père d’ailleurs) je n’arrivais guère à entrer en contact physique avec mon bébé, cela m’a pris du temps….et puis j’ai fini par y arriver et à sécher mes larmes.
Je n’ai malheureusement jamais pu donner de petit frère ou de petite soeur à Camille pour cause de maladie, elle est restée enfant unique, et cela rajoute des difficultés au mode d’éducation!

Compte-tenu que son père était très pris par son travail, j’ai mis en stand by ma profession pour élever Camille pendant deux ans.

Cette période des deux ans a été riche d’émotions mais aussi remplie d’angoisses et de solitude, je passais tout mon temps à m’occuper de ma fille et de mon intérieur.
Active professionnellement depuis l’âge de 23 ans cela a été pour moi, à ce moment là, pas forcément un privilège, mais je considérais que cela était un devoir que de stopper mon activité professionnelle, ayant été privée moi-même de relation maternelle, il était pour moi essentiel de pouvoir élever ma fille, communiquer avec elle et l’aider à grandir, à apprendre, à devenir autonome, à comprendre à la fois le plaisir mais aussi la frustration, lui transmettre des valeurs.

Mon but premier était qu’elle devienne une battante, une optimiste (non comme sa mère qui voit toujours le verre à moitié vide et qui s’angoisse en permanence!), une femme instruite ayant de la classe et de l’élégance, qu’elle soit à l’aise dans tous les milieux, qu’elle soit appréciée pour ses qualités de coeur, qu’elle soit « intéressante », la beauté est illusoire et éphémère cela n’a jamais été un moyen de tisser des liens, des vrais liens d’amour ou d’amitié.

Le chemin a été long, car je me rends aujourd’hui compte, qu’il lui a fallu presque 30 ans pour intégrer, non je dirais plutôt pour appliquer toute cette transmission maternelle.
Pour qu’elle prenne (mais elle n’est pas seule à faire cela) conscience que d’accumuler des biens, remplir son dressing, ne sert à rien si on a le coeur sec et si on ne sait pas partager.
Ce qui reste, au bout de la vie, ceux sont tous ces moments de tendresse, de rires, et mêmes de colères qu’on a su tricoter ensemble et non pas nos armoires bien remplies.

Il a fallu à Camille du temps pour se rendre compte, elle y arrive un peu mieux aujourd’hui, qu’une maman n’est pas invincible, qu’une maman ne peut pas toujours être au service de ses enfants, que l’âge arrivant, une maman a ses faiblesses (physiques et mentales), qu’elle souffre parfois sans rien dire et que c’est son corps qui le dit, car une maman ça ne se plaint pas….

Camille a enfin compris qu’à partir d’un moment et aujourd’hui le moment est venu, où les rôles doivent s’inverser, c’est à l’enfant de prendre en charge ses parents pour les aider à affronter les affres de la vieillesse, c’est maintenant qu’il faut savoir rendre tous les câlins qu’on a reçus, toutes les attentions dont on a été l’objet, tous les cadeaux qu’on a reçus, tous les sacrifices qui ont été consentis pour le bonheur de son enfant… car une maman a besoin d’infiniment d’amour et souvent les enfants oublient cela, ils sont persuadés que tout est dû, tout est normal!

On a beau lire à nos enfants l’histoire du Petit Prince d’Antoine Saint-Exupéry, on a beau leur expliquer qu’aimer c’est avant tout une responsabilité, les enfants ne savent que tard, quand eux-mêmes rencontrent l’amour et deviennent parents ce qu’engage cette responsabilité, l’amour cela n’est pas se regarder soi et attendre qu’on nous prouve un attachement, l’amour c’est avant tout savoir donner, sans rien attendre, le jour où on attend quelque chose en retour c’est que l’on n’aime plus. Mais ces propos n’engagent que moi et peut-être ne partagez vous pas mon avis.

A toutes les jeunes mamans, je voudrais délivrer ce message sachez qu’avec vos enfants tout ne se joue pas avant 6 ans mais bien avant, le bébé est une personne, il a une mémoire et des émotions. Et surtout bien bien après.

Sachez jeunes mamans que si parfois votre vie de maman est difficile, pesante, fatigante, sachez qu’un jour tous vos efforts et vos sacrifices seront récompensés car un jour vous serez fière de votre travail de maman en voyant comment vos enfants sont combattifs face à la vie, qui ne fait pas que des cadeaux.
Quand vous les sentirez joyeux, sereins, heureux de vivre avec argent ou sans argent, car vous leur aurez appris à se battre, à regarder vers le haut, que vous leur aurez appris que le bonheur c’est avant tout donner de l’amour, partager et que le bonheur c’est continuer à désirer ce que l’on a et non pas à désirer ce que l’autre a!

Je remercie Camille d’avoir enfin compris cela et d’être enfin vraiment là pour moi et que cette complicité, cette confiance, cet amour que nous avons l’une pour l’autre s’est construit au fil des années depuis qu’elle est sortie de mon ventre et qu’il a fallu accepter les moments de désordre (l’adolescence, les crises, les plaintes qu’elle m’adressait souvent, son égoïsme, ses exigences…), il a fallu prendre le temps de parler (parfois des heures quand elle s’enfermait dans sa chambre pour bouder). Ne laissez jamais vos enfants s’enfermer dans la colère, allez vers eux même si la patience vous fait défaut, il est important de mettre des mots sur la colère.

Ma fille chérie, ma belle, tu es ma fierté et ma récompense. Saches qu’en te donnant tout mon amour, j’ai rempli le vide, le manque d’amour de mes parents.
J’ai enfin le sentiment, de t’avoir appris le bonheur, de t’avoir appris à aller au bout de tes ambitions, de t’avoir appris à tenir debout mais le pilier d’amour que j’ai été pour toi pendant toutes ces années est un peu fissuré par le temps, l’érosion est passée par là, ne m’en veux pas, mais je sais aujourd’hui que je peux partir sereine tu es devenue une femme magnifique, brillante, racée et généreuse. Je suis très fière de toi.

Et je te souhaite tout le bonheur du monde.

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